All to well - Gabrielle

Cela faisait un moment maintenant qu'elle faisait un peu plus d'effort sur son physique et ses vêtements, comme un espoir qu'en se pomponnant plus que d'habitude, son regard à lui changerait, qu'il y verrait peut-être plus qu'une amie. Ce n'est pourtant pas ce qu'elle veut, du moins c'est ce qu'elle se dit. Elle veut qu'ils restent amis. Elle ne veut pas tout gâcher et pour ça, rien de mieux que de réprimer ses sentiments, n'est-ce pas ? Elle sourit lorsque son fils la complimente sur sa tenue, sur son parfum et elle lui dépose un doux baiser sur la tête avant d'attraper ses clés de voitures. "Bon, j'y vais. Je compte sur vous pour ne pas mettre le bazar les garçons." dit-elle. Son frère sort alors des toilettes, un sourire taquin sur les lèvres. Ils ne font pas mettre le bazar, elle le sait. Mais elle sait aussi qu'à son retour, elle retrouvera son fils endormi, complétement exténué sur le canapé avec son frère juste à côté en train de regarder la télévision. Un dernier geste de la main et la voilà partie. Direction Skipper's fish camp. Le meilleur restaurant de poisson de toute la ville. C'est leur tradition, à Alvaro et elle. Ils sont des habitués.

Elle y arrive à l'heure. Quoi qu'elle est peut-être en retard de quelques minutes. Ca ne sert à rien qu'elle regarde l'heure, elle y est et se dépêche d'entrer. Et il ne lui faut que quelques secondes avant de reconnaître son ami qui l'attend. Elle sourit aux employés et s'approche. Son sourit ne fut que plus grand lorsqu'elle croisa son regard à lui. Il se lève et embrasse sa joue. Geste affectif qu'elle lui retourne doucement. "Désolée d'être en retard." déclare-t-elle, sa main venant lui frotter le bras rapidement avant qu'elle n'aille s'asseoir. "Ca me fait plaisir de te voir." Comme d'habitude. "Comment vas-tu ?" Il a l'air d'aller bien même si Gabrielle semble déceler une certaine tension. Mais ce n'était probablement rien du tout. Elle dépose son sac à main à ses pieds avant de remettre ses cheveux en place, ne le quittant pas des yeux.

Elle n'est pas vraiment en retard, c'est vrai. Mais elle a cette habitude de toujours vouloir être là à l'heure exacte si ce n'est pas même un peu avant. Elle a toujours été comme ça et ce n'est pas prêt de changé. Les deux amis s'installent à leur table. Le restaurant n'est pas pleins mais il y a assez de monde pour tenir le personnel bien occupé. L'odeur de poisson cuit est un délice pour son odorat. L'avantage de vivre dans une ville avec un grande communauté de pêcheur fait que le poisson qui y est vendu et servi est non seulement frais mais aussi de bonne qualité. Comme dirait son grand-père : l'poisson frais y'a que ça de vrai. le jour où y'aura du poisson d'grande surface dans mon frigo, c'est que j'serais mort.

Elle lui sourit en l'entendant parler. C'est vrai qu'ils n'avaient pas vraiment eu l'occasion ces derniers temps pour leur petit tête à tête. Ils s'étaient croisés rapidement quelques fois et son fils avait aussi décidé de rendre visite à son pompier préféré lors de ses heures de travail. Elle est persuadé que c'est parce qu'il voulait monter dans un camion de pompier. Mais ça lui fait du bien, de le revoir, d'être en sa compagnie et d'entendre sa voix. "Ca va bien. C'est vrai qu'on s'est pas vu depuis quelques jours. Nathan me parle encore de son aventure en camion de pompier tu sais." dit-elle en laissant un léger rire s'échapper de ses lèvres. "Le travail ça va, comme d'habitude. D'ailleurs il va bientôt avoir une journée durant laquelle les gens de la ville peuvent faire une intervention dans les classes pour expliquer leur travail. Tu pourras peut-être passé ?" Ce n'est qu'une idée, il n'y ait aucunement obligé. Mais à l'âge qu'ont ses élèves, la plupart ont des étoiles dans les yeux dès qu'ils voient un pompier alors qui de mieux qu'Alvaro pour venir leur en mettre des étoiles pleins les yeux.

Un serveur venu prendre leur commande s'arrête près d'eux. Elle laissa son ami commandé avant d'à son tour, prendre un verre de vin blanc ainsi qu'une blanquette de sole au safran. Souriant au serveur quand ce dernier partit lancer leur commande, elle reposa son regard sur le latino assit en face d'elle. Elle l'a toujours trouvé charmant, Alvaro. Sa présence l'a fait se sentir en sécurité. Après tout, c'est normal, il lui a déjà sauvé la vie. "T'es sûr que ça va ?" Elle lui pose la question en fronçant légèrement les sourcils. Il a l'air tendu, stressé. "Tu as l'air un peu à cran." C'est alors que le serveur venu avant vient leur servir leurs verres de vin. "C'est à cause du boulot ?" A ces mots, elle prend son verre en main sans pour autant l'amener à ses lèvres, plongeant ses yeux dans ceux de son amis, essayant de déceler ne serait-ce qu'une once de nervosité.

Sa propre combinaison de feu, voilà qui rendrait Nathan fou de joie, elle en est certaine. Lui qui idolâtre presque Alvaro, s'il lui était possible d'avoir en plus la même tenue que lui, il s'y pavanerais pendant elle ne sait combien de temps. Elle le voit déjà marcher avec le torse bombé en se ventant d'être comme Alvaro. Ils sont adorables lorsqu'ils sont tout les deux. Elever un fils seule n'est pas la chose la plus facile mais depuis qu'Alvaro est entré dans leurs vies, ça l'est presque devenu, facile. Nathan n'a jamais connu et ne connaîtra certainement jamais son père. Et elle le sait, elle le voit que pour son fils, Alvaro est son modèle, le père qu'il n'a jamais eu, le père qu'il aurait voulu avoir. Son opinion lui importe beaucoup, il n'y a pas un seul descend censé représenté sa famille sur lequel n'apparaît pas le pompier. C'est fou, à quel point il s'y est attaché.

Bien évidemment qu'il est d'accord pour venir voir ses élèves et leur parler de son métier. Il est toujours prêt à lui rendre service, à l'aider. Et elle lui sera à jamais reconnaissante pour ça, pour tout. Mais voilà que la belle petite soirée semble changer de ton. Levant son verre en même temps que le chilien pour trinquer, elle boit une léger gorgé de vin, ne manquant pas de venir rapidement lécher sa lèvre supérieur pour ne pas perdre une seule goutte. Puis... Sa voix. Le son de sa voix fut assez pour qu'un air inquiet vienne s'afficher sur son visage. Elle le regarde passer sa main sur son visage et la voilà qui se penche légèrement en avant tout en posant son verre. La situation semblant plus grave qu'elle ne croyait.

Et là, l'annonce. Elle fronce légèrement les sourcils, comme si son cerveau refusait d'entendre les mots qui pourtant sont bien sortis de sa bouche." Une durée indéterminée C'est à dire ? " Elle sait pourtant ce que ça veut dire. "Quel soucis ?" La voilà qui vient alors poser sa main sur celle de son ami, ses yeux ne quittant pas l'air grave sur visage. "Je peux peut-être t'aider non ? Qu'est-ce que je peux faire ?" lui demande-t-elle, espérant qu'une solution pourrait rapidement se faire savoir, surtout si ils s'y mettent à deux. Une solution à un problème qu'elle ne connait pas encore. Mais elle est prête à beaucoup de chose pour lui. Il est la personne, en dehors de sa famille, à laquelle elle tient le plus au monde. Il l'a déjà tellement aidé dans le passé et si il avait besoin d'elle, pour quoi que ce soit, elle n'hésiterait pas une seule seconde.

Leur soirée qui devait se passer comme d'habitude, dans la joie et la bonne humeur se transforme en cauchemar. Elle l'écoute, ne perd pas un seul mot qui sort de sa bouche. Et plus il lui explique la situation, plus elle sent alors les larmes monter. Ses yeux verts semblent briller de plus en plus. Mais elle résiste Gabrielle. Et sa main vient alors serrer légèrement celle de celui qui illumine ses journées depuis des années. Mais voilà qu'elle reçoit une gifle monumentale lorsqu'elle l'entend dire qu'il part samedi. Son billet d'avion est déjà prit. Il ne lui annonce pas seulement une mauvaise nouvelle, il lui en annonce deux : sa situation et son départ.

Doucement, elle retire sa main de la sienne, ses yeux larmoyant rivés sur lui. " Samedi ? " Rapidement, elle vient sécher une première larme qui perle le long de sa joue."Pourquoi est-ce que tu m'en a pas parler avant ?" C'est la première question qui lui vient à l'esprit. Cela fait plusieurs jours déjà qu'il est dans cette situation, elle se serait imaginer qu'il l'aurait directement contacter pour la prévenir, lui demander de l'aide. Mais non, il n'a rien fait de tout ça. Elle sent son cœur se serrer à l'idée de lui dire au revoir sans savoir quand est-ce qu'elle le reverra. Mais la goutte qui fait déborder le vase, c'est lorsqu'elle pense soudainement à Nathan, à la réaction qu'il aura lorsqu'il saura la nouvelle. Sa main, bien frêle comparée à celle du latino, vient se poser sur sa bouche et quand bien même elle essayait de retenir ses larmes, celles-ci forcent le passage et viennent alors humidifier ses joues légèrement rosées. "Nathan il..." Il va être détruit, ne va pas vraiment comprendre pourquoi il ne sera plus là. Au bruits des pas passant près de leur table, elle essuie ses yeux, de légères traces noires dû à son mascara se forment alors sous ses paupières inférieures.

Comme si cela allait la calmer, elle saisit son verre de vin et le vide presque d'une gorgée. "Je..." Sa voix tremble, ses yeux semble vouloir échappé au regard de celui qui faisait battre son cœur sans le savoir. "J'ai pas très faim..." dit-elle. Son appétit fut coupé court, la seule chose qu'elle ressent, c'est un nœud dans le ventre. Elle ne sait pas quoi faire. Rester assise ou se lever pour sortir d'ici, prendre l'air. Que ce soit l'un ou l'autre, elle ne veut qu'une seule chose, qu'il soit avec elle, malgré tout.

Elle écoute son explication, qu'à moitié. Abasourdie, ses mots résonnent dans sa tête. Partir. Samedi. Indéterminé. Dans tout les hommes qui sont rentrés dans sa vie, tous sont partis, parfois sans un mot, parfois sans raisons. Si il y en a bien un qu'elle n'a jamais imaginé voir partir, c'est bien lui. Mais il se voulait rassurant, lui promettant qu'il la reverrait, qu'il verrait Nathan grandir, qu'ils iront le voir au Chili. Ces promesses, aussi belles soit elles, elle n'y croit pas. Elle aimerait, pourtant.

Les plats arrivent. Elle n'a pas faim. Si elle avale quelque chose alors que son estomac est noué comme il l'est à l'instant, elle quasiment certaine de vomir. Il la comprend, lui parle d'une voix douce. Et Ô comme certains mots qu'il prononce sont stupide. Ne plus vouloir le voir ? Comment pourrait-elle ne plus vouloir le faire avec l'importance qu'il a pour elle. " Alvaro..." Malgré tout, elle prononce son nom avec une certaine douceur. Elle se redresse légèrement en finissant d'essuyer ses larmes, ses yeux restant brillants de larmes. Elle renifle discrètement avant de se racler la gorge, comme pour regagner le contrôle totale sur sa voix. " Tu es l'une des personnes les plus importantes dans ma vie." Il le sait. Elle le lui a déjà dit, maintes et maintes fois. "Jamais je pourrais me lasser de te voir ou t'entendre. Et Nathan il... tu es comme un père pour lui, tu le sais ?" Parce c'est qui vient le soutenir lorsqu'il participe à un spectacle ou quelque conque match de sport, parce que c'est lui qui le rappel à l'ordre sans aucun mal lorsqu'il devient trop turbulent, parce qu'ils ont une infinité du tonnerre de Dieu. "Ce que je veux..." C'est qu'il reste. Qu'ils passent du bon temps comme d'habitude. Ce qu'elle veut, c'est qu'il la voit sous un autre angle, qu'il ressente la même chose qu'elle ressent pour lui. "C'est passer le plus de temps avec toi avec de te dire au revoir." Elle essai de lâcher un sourire tant bien que de mal. Elle regarde son assiette, sans vraiment plus d'appétit.

Le poisson à l'air parfaitement cuit. Le plat à l'air délicieux alors, elle qui n'aime pas le gâchis, elle attrape tout de même ses couverts et commence à dépiauter son poisson. "Je ne m'attendais pas à ça je t'avoue." Comme lui ne devait pas s'attendre à devoir abandonner la vie qu'il a construite ici. "Comment..." elle se racle légèrement la gorge, essai de garder le contrôle d'elle-même. Si une larme coule, elle l'essuie rapidement. "Comment ça va se passer alors, pour la caserne, ton appartement ?" demande-t-elle avant de prendre une bouchée de son plat. En temps normal, elle aurait fermer les yeux et gémit d'un plaisir gustatif qu'elle ne manque pas d'avoir à chaque fois qu'elle dîne dans ce restaurant. Mais cette fois-ci, rien.