Le coup de la panne (camille)

Vendredi. Il devrait être bientôt dix-huit lorsque tu poses enfin le pied chez toi. Chez vous. Cette maison à près de 500 mètres de lac, t'appartient. A toi et ta femme. Vous l'aviez construite de base en tant que maison de vacance sans vraiment vous dire qu'une maison de vacance dans la même ville de votre résidence principale, c'était pas tellement logique. Après sa construction, vous n'y avez jamais habité. Juste de temps en temps, le temps d'un week-end pas plus. Il te semble que la dernière fois que vous êtes venu tous ensemble, Emily devait avoir huit ans, peut être moins.
En tout cas cette maison était bien grande. Cinq chambres, trois salles d'eau, deux toilettes, un grand salon, une salle à manger, une cuisine tout équipée en plus d'une belle terrasse d'où on peut apercevoir de loin le lac. Tes amis et toi avez pris l'habitude de boire un verre, ou plusieurs, ici et vous aviez transformé une des chambres d'amis en salle de billard. Pas que étiez doué pour ça, plutôt qu'avec quelques grammes dans le sang, vous aviez tendance à vous laisser aller.

En mettant les pieds chez toi, tu avais dans tes bras un golden retriever âge de seulement trois mois mais qui pesait déjà son poids pratiquement. On te l'avait amené juste avant que tu débauches. T'aurais voulu le laisser au refuge, mais ce dernier était trop apeuré donc tu l'as pris avec toi. Il avait un patte cassé et plâtré. Tu ne voulais pas trop le bouger et c'est pourquoi que tu avais demandé à ta femme si elle pouvait déposer votre fille chez vous, enfin ton chez toi temporaire depuis deux ans. Tu as eu à peine le temps d'installer Hélios, le golden retriever, dans un petit cousin dans le coin du salon que tu entendis une voiture en approche. « Bouge pas, j'arrive ! » dis-tu au chien en sortant accueillir ta fille et Camille. Comme à son habitude, Emily sortie de la voiture, fit le tour pour embrasser sa mère en lui souhaitant une bonne semaine et passa près de toi sans presque te voir. « Bonsoir Em, moi aussi je content de te voir ! Tu as passé une bonne semaine ? » Le ton sarcastique n'échappe à personne. Et pour toute réponse ta fille s'arrêta sans se retourner et lança : « Je vais dans ma chambre. » C'était comme ça depuis la séparation donc depuis deux ans. Attristé tu ne laissa rien apparaître et avança vers cette femme que tu as fini par tant aimer. « Salut » Tu te stoppas à un bon mètre de la voiture, ne sachant si elle allait sortir de la voiture ou non. C'était toujours comme ça entre vous. Des fois c'était cordial des fois la guerre. Quel serait le ton d'aujourd'hui...tu allais bientôt le découvrir.

Ce n'était pas là situation de tes rêves. Loin de là. Tu n'avais jamais imaginé qu'un jour cela puisse t'arriver. Depuis tout petit, tu t'imaginais un futur bien différent de celui là. Bien sûr, tu voulais rester à Lakeland et y fonder ta famille comme beaucoup de tes ancêtres avant toi. Mais de base tu voulais être médecin. Tu n'avais pas encore décidé dans quel domaine que ta fille Emily avait montré le bout de son nez. C'était absolument pas prévu, mais tu ne pouvais pas abonner ton enfant et sa mère. Alors tu as participé du mieux que tu as pu. Au point de finir par tomber amoureux de la mère de ta fille, Camille. Tu ne t'attendais pas à une histoire de ce genre. En fait quand tu y reprenses, c'est Camille auquel tu ne t'attendais pas, pas Emily. Tu voulais avoir des enfants, mais tu ne t'attendais pas à tomber amoureux d'une femme comme Camille. Elle se tenait devant toi, le visage inexpressif qui te fit un pincement au cœur. Les deux femmes de ta vie, pour qui tu pouvais mourir te traité presque comme un inconnu. Il y avait de quoi avoir mal au cœur. Pendant quelques secondes, vos regards se croise et tu ne sais pas tellement ce que reflète le reflet de l'âme de ta femme. De toute façon tu n'as pas le temps de l'analyser puisqu'elle detourne le regard. Exaspéré par cette situation, tu ne trouves pas les mots pour lui répondre alors tu hoches simplement la tête avant de tourner le dos pour rentrer. Tu montes les marches du perron, passe la porte d'entrée. Tu es sur le point de la fermer quand tu entends le moteur de la voiture de ta femme. Tu stoppes ton geste, le laissant en suspend. Tu connaissais ce bruit et il n'apporte rien de bon. Une petite voix dans ta tête te dit que ce n'était pas tes affaires. Le diable en toi te crie de la laisser se débrouiller seule comme elle aime si bien le faire. Mais l'autre voix te rappelle que tu n'es pas ce genre de type. L'ange te dit qu'il est de ton devoir de l'aider. Hésitant, tu rouvre la porte et observe Camille qui tente de démarrer encore une fois. Le bruit de moteur s'empare et tu laissés ton instinct prendre le dessus. En quelques grandes enjambées, tu rejoins la voiture. « Arrête, tu vas noyer le moteur ... » dis-tu en ouvrant la porte côté conducteur. D'un signe de tête tu lui fais comprendre qu'il faudrait qu'elle descend du véhicule.« Laisse moi voir ça !?! » C'était à la fois une affirmation et une question. Tu voulais l'aider mais tu ne voulais pas t'imposer à elle non plus.

Il n'est pas prévu que tu restes, tu ne sais même pas si tu en a véritablement envie en plus. L'ambiance ne risque pas d'être celle que ta fille aimerait retrouver, cela fait tout de même deux ans qu'avec son père vous êtes en froid, la communication qui a été radicalement réduite entre vous depuis la séparation qui au fond te fait beaucoup de mal mais comme tu es forte, tu ne le montres pas ni même à lui et encore moins à Emily. Ce n'est pas toi qui l'a foutu dehors, c'est lui qui a décidé de partir de son plein grès, tu n'as absolument rien à te reprocher si ce n'est peut-être l'intervention chirurgicale que tu as subie sans même lui en parler au préalable. Un couteau dans le dos, tu n'en es pas très fière mais tu ne regrettes pas non plus ton choix. Il ne pourra jamais comprendre à quel point une grossesse c'est épuisant. Donner la vie est l'une des plus belle chose au monde, c'est vrai cependant tu n'as plus envie de vivre ça. Aslan voulait une belle et grande famille, toi, tu n'as jamais voulu ça. Un enfant, pour toi, c'est déjà très bien. Ta fille te suffit, tu es contentes d'avoir garder ce bébé qui aurait bien pu ne jamais voir le jour parce que tu avais la trouille, tu pensais ne pas être à l'hauteur et tu étais encore jeune, pas du tout conditionné à devenir mère. Les choses ont bien changé, tu serais totalement épanouie si ton mariage n'était pas à réparer, si ton mari redevenait cette épaule sur laquelle tu pouvais t'appuyer quand ça n'allait pas,, à qui tu faisais part de tes doutes, de tes inquiétudes. L'impression de ne plus être complète, le manque de ta moitié qui te touche bien plus qu'on ne le pense. Tes mirettes posés à nouveau sur lui jusqu'à ce qu'il atteigne le pas de sa porte. Tu reprends très vite tes esprits, met le contact et démarre la voiture ou du moins tu essayes en vain. Allez, c'est pas le moment. Têtue comme tu es, tu essayes, réessayes jusqu'à ce que le véhicule démarre mais rien n'y fait, ça veut pas. Tu râles, passe tes nerfs sur le volant. Aucune compétence en mécanique, quelques connaissances mais pas plus que les professionnels que tu laisses faire dans ces cas-là d'habitude. Tu te demandes bien comment tu vas faire avant de voir Aslan revenir. Comme il s'y connaît mieux que toi dans ce domaine, tu descends du véhicule et le laisse jeter un coup d'œil. En plein stress, tu fais les cents pas à quelques mètres. Donne-moi une bonne nouvelle s'il te plaît ! Même si ce n'est pas très grave, même si ce n'est qu'une simple panne, ça fait chier parce que tu n'as qu'une envie là tout de suite, c'est de rentrer chez toi et te faire couler un bon bain chaud. La semaine a été interminable, fatigante alors tu as bien le droit de te reposer un peu.

@Aslan Carter 

A ta grande surprise, ta femme te laissa la place. Tu t'y attendais pas tellement non. Tu pensais qu'elle allait te lancer une remarque sanglante avant de te dire que tu pouvais rentrer, qu'elle allait se débrouiller seule. En t'installant derrière le volant, tu te dis que tu n'étais plus capable de prédire commence ta femme aller agir. Vous étiez séparé depuis deux ans et t'avais l'impression de ne plus la connaître. Mais est ce que tu l'avais même vraiment connu ? Tu n'en savais rien. Tu remettais tout en doute. Cette situation était compliqué. Ce mariage te pesait. T'étais partagé entre l'envie de rester une famille et l'envie de t'épanouir dans tes désirs. Est-ce seulement possible d'ailleurs de leur faire sans ta famille ? Tu n'en sais rien. Toutes ses questions, ses remises en question depuis deux ans te torturais l'esprit. Mais pour le moment tu devais te concentrer sur l'audi. Tu mis le contact sans démarrer. Certains voyants étaient allumé et ça n'annoncait rien de bon. « Je crois pas que j'ai une bonne nouvelle à annoncer ... » dis-tu en éteignant le contact. Tu sors en appuyant le bouton pour ouvrir le capot. En le soulevant, tu remarquas la chaleur intense du devant du véhicule. Tout comme le moteur et autres tuyaux. Tu n'étais pas comme ta mère une as des voitures mais tu en savais assez pour dire que la panne devrait prise en charge par des spécialistes. « Mauvaise nouvelle : je crois pouvoir faire quoique ce soit pour ta voiture aujourd'hui... » Mais une idée te passa par la tête alors tu repris. « Mais, bonne nouvelle : je connais quelqu'un qui pourrais régler ça pour un bon prix ... tu te souviens de Jimmy ?» Jimmy c'était un vieux copain du lycée qui avait mal tourné après. Il avait quitté la ville un moment avant de revenir abîmé par le temps. Il avait une mauvaise réputation en ville mais tu sais qu'il était toujours le bon gamin du lycée. Il est vrai que tu ne lui confierai pas ta fille même pour une heure mais tu sais qu'il est doué avec les engins en tout genre. Tu l'avais invité une fois à venir boire un verre chez vous et il avait presque vidé tout votre alcool. Dans tes souvenirs, Camille n'avait pas une très haute estime de lui, comme presque tous les gens de la ville. Toi, tu l'aimais bien Jimmy. « Tu veux que je l'appel ? Il dira pas non ... »

Jusque là tu n'as encore jamais eu de problème avec ton véhicule, c'est ta première panne et tu espères bien que ce soit la dernière. Tu as un tout petit espoir de pouvoir redémarrer la voiture, ton mari a quelques notions de mécanique alors tu te dis que ça devrait le faire mais les minutes passent et la situation n'évolue pas vraiment. La tête légèrement inclinée vers le ciel, tu souffles un bon coup en te demandant ce que tu as a bien pu faire pour que cette foutue panne tombe maintenant, à cet endroit précis. C'est clair que ça pourrait être pire, tu pourrais être au beau milieu de l'autoroute ou encore dans un trou paumé, toute seule sans personne compétente pour te venir en aide. Cela fait à peu près dix minutes qu'Aslan essaye tant bien que mal de mettre la voiture en état de marche et le verdict fini par tombé, il ne peut rien faire. Je fais comment moi maintenant ? J'rentre à pied ? Une option que tu abandonnes très vite en vue de la trop grande distance à parcourir pour rentrer chez toi. Une mauvaise nouvelle en cache une bonne, la petite lueur qui refait surface au moment où Aslan te parle de ce vieil ami Jimmy que tu avais quasiment oublié tant les souvenirs que tu as de lui sont tout sauf bons. Tu réfléchis un court instant avant de donner ta réponse. Il est hors de question que je fasse appel à lui, non, jamais de la vie. Tu le connais assez bien pour savoir qu'il est certainement raide mort sur le comptoir d'un bar miteux donc pas en état de faire quelque chose de bien, ce qui serait d'ailleurs la première fois. Plus ce type est loin de toi, de ta famille, mieux tu te portes. Une main qui plonge délicatement dans la poche arrière droite de ton jean pour y sortir ton téléphone. Tu scrolles dans ton répertoire un moment, tu t'arrêtes sur le numéro du garage dans lequel tu avais l'habitude de te rendre à l'époque où tu avais littéralement une épave en guise de moyen de transport. Un coup de fil rapide, personne ne viendra, pas avant demain en tout cas. J'dois passer au bureau demain en plus.. Toi qui pensais passer une bonne soirée, c'est raté.

Rentrer à pied ... oui ... non ... pourquoi pas. En fait si ça avait été toi, tu l'aurais peut être fait. Marché ne te dérange pas, bien au contraire, tu aimais ça. En vérité, t'aurais peut être aussi un de tes vieux potes pour qu'il te reconduise chez toi. Et vraiment tu avais la flemme de marcher, tu aurais appelé tes parents ou l'une de tes soeurs. Plutôt ta mère en vrai parce qu'elle aurait pu faire quelques choses pour ta voiture ou au pire t'en trouver une autre rapidement histoire de dépanner. Mais là, ce n'était pas de toi qu'il s'agissait mais de Camille. Il était hors de question que tu la laisses partir à pied alors que la nuit allait pointer le bout de son nez. Pas question ! Même s'il elle l'avait voulu. Il fallait au moins deux heures, voir plus, de la maison près du lac jusqu'à votre maison. Enfin ton ancienne maison. Enfin tu t'es compris. « Oublie cette idée, tu ne rentreras pas à pied ! » dis-tu d'un ton un peu trop autoritaire/protecteur. Même si vous étiez séparé, il n'est pas question qu'elle marche. T'étais prêt à la ramenait s'il le fallait, t'étais même sur le point de lui proposer mais l'idée de Jimmy te traversa l'esprit. Comme ça au moins, elle aurait sa voiture de disponible le plus rapidement possible. Mais presque sans surprise elle refusa. Tu voulais lire sur son visage qu'elle n'aimait pas du tout ton copain. En même temps tu le savais. Tu t'y attendais. Comme quoi, au final, il y avait toujours des parties d'elle que tu ne connaissais que trop bien. « Bon okay, je n'insiste pas ... » Tu levas les mains en l'air en te résignant tout en secouant la tête. Malgré toi, tu te dis que c'était nul de ne pas accepter. Ce type, ce Jimmy c'était une bon gars quand même, très doué de ses mains. Mais tu pouvais comprendre aussi pourquoi elle ne voulait pas qu'il s'approche d'elle. Elle te l'avait déjà dit d'ailleurs : ni d'elle, ni de sa fille, ni de sa maison. Elle avait été catégorique dessus ! Tu l'as vis sortir son téléphone et passa un coup de fil à son garage apparemment. En attendant, tu envoyas rapidement un sms à ta mère pour savoir si elle n'était pas loin. Ta mère passionnée de mécanique savait presque tout réparé. Mais tu reçu rapidement la réponse : non elle était partie dîner avec des copines. Lorsqu'elle demanda pourquoi, tu lui dis simplement que tu lui raconteras demain et qu'elle passe une bonne soirée. Le temps des échanges, Camille avait raccroché. « Je peux te déposer, si tu veux ... » Tu disais ça avec la plus grande nonchalance. Et en vrai, tu le pouvais. Demain tu devais ramener Hélios au refuge dans la mâtiné, et Emily devait passer le week-end chez ses grand-parents. « Enfin demain ! Parce que ce soir j'ai un pensionnaire à la maison. » Pas besoin de lui en dire plus, elle savait très bien de quoi tu parlais. Même quand vous vivez encore ensemble, tu avais déjà pris l'habitude de ramener des pensionnaires chez vous. « Tu peux passer la nuit ici, y'a plusieurs chambres et des vêtements à toi ... qui datent un peu certes mais pour une nuit ça fera l'affaire » Plus tu lui proposais, plus tu te disais que c'était la bonne solution. En plus on était vendredi soir, la plupart des gens prévoyaient toujours quelques choses le vendredi soir, même une soirée maison tranquillement chez eux. « Et puis en vrai, c'est ta maison aussi Camille » C'était ton plus grand argument. Cette maison, vous l'avez faites construire ensemble. Vous l'aviez décorer ensemble. Elle était autant à toi, qu'à elle.

Il faut que tu te rendes à l'évidence, tu passeras la nuit ici ce soir. Dans ta seconde demeure aux côtés de ton mari et de ta fille qui sera assez surprise de te voir encore là, qui va potentiellement s'imaginer tout un tas de choses très certainement d'ailleurs comme par exemple que tu t'es réconcilié avec son père alors que ce n'est pas le cas, pas encore. Cette nuit sera peut-être l'occasion pour vous de discuter, de faire évoluer cette situation qui vous pèse depuis trop longtemps. Qui fera le premier pas ? C'est ça la question, vous êtes bien trop fiers tous les deux, une fierté qui est en train de détruire votre mariage petit à petit. Le manque de communication durant ces deux longues années n'a évidemment rien arrangé. Tu ne saurais dire à quand remonte la dernière fois que vous aviez eu une conversation calme et sérieuse avec Aslan. Ce dont tu te souviens parfaitement, c'est ce quotidien rythmé par les disputes jusqu'à ce qu'il décide de prendre ses affaires et de s'en aller sans même se retourner, sans même avoir quelques mots pour sa fille. Tant de larmes versées ce soir-là, un véritable déchirement. Tu n'as plus envie de vivre une soirée comme celle-ci alors tu sombres dans le silence par peur que ça recommence. C'est lâche, tu en as conscience et tu te fais du mal à toi-même pour éviter que l'histoire se répète et finisse de la même manière. Sans un mot, tu verrouilles ton véhicule, ôtant ensuite ta paire de lunettes de soleil. Un chien ou un chat ? Un lapin peut-être ? La question que tu lui poses quand il te dit qu'il n'est pas seul à la maison, qu'il a un pensionnaire ce qui ne t'étonne pas du tout. Quand vous viviez ensemble, Aslan avait l'habitude de ramener des animaux plus ou moins gros à la maison. Tu n'as jamais eu de problème avec ça, tu voulais même prendre un chien au bout d'un moment mais avec le boulot d'Aslan, il y en avait un très souvent chez vous, même si chaque fois quelques jours seulement. Il va falloir que j'fasse des essayages, j'pari que j'rentre plus dans la plupart des fringues que j'ai laissé ici. Un souffle du nez en marchant doucement vers cette maison de vacances. 

Ce n'était pas prévu. Rien de tout cela n'était prévu. Et lorsque tu y repenses, avec Camille ça a toujours été une succession d'imprévu : t'avais pas prévu de la rencontrer, pas prévu de coucher avec elle ni de la mettre enceinte, t'avais pas prévu de tomber amoureux d'elle, pas prévu qu'elle ne voudrait pas d'autres enfants, pas prévu que vous sous sépariez. Ca avait toujours été comme ça, alors pourquoi ça changerait ? Don comme d'habitude, tu n'avais pas prévu qu'elle passerait la nuit ici. Mentalement, tu refis le tour de la maison ou savoir si il n'y avait pas trop de bordel. Pas que tu sois si bordélique que ça, à peine, mais la veille tu avais reçu la bande et tu savais qu'ensemble vous aviez tendance à faire n'importe quoi. « Un chien, Hélios. Un Golden Retrivier » Tu savais qu'elle comprendrait qui serait le pensionnaire. Après tout, vous êtes marié depuis tellement longtemps, elle n'aurait pu que comprendre. Tu avais l'habitude de faire ça, même quand vous vivez encore ensemble. En bon gentleman, tu te places sur le côté pour la laisser ouvrir la voix vers l'intérieur de la maison. Une fois que son épaule se trouve à peu près à ta hauteur, tu marches à ses côtés. « Tu seras toujours élégante, même avec des vêtements qui te vont petit ! » Un petit sourire en coin apparait. C'est vrai que ta femme a toujours été belle. D'une beauté naturelle qui donne envie de la dessiner même si on ne sait pas dessiner comme toi. Deux pas plus tard, tu te rends compte du compliment que tu viens de lui faire. Ca devait faire plus de deux ans que tu ne l'avais pas complimenté. Plus de deux ans que vous n'aviez pas eu une conversation aussi longue sans vous crier dessus. L'air de rien, vous arrivez à la porte et tu ouvres cette dernière pour que Camille puisse rentrer. « Ne fait pas attention au bordel surtout, c'est pas toujours comme ça ! » dis-tu en fermant la porte derrière vous. En soit, la salon qui donnait directement dans l'entrée n'était pas si en bordel que ça. Il y avait quelques papiers et magasin qui traînaient. Deux, trois vêtements aussi ... mais au moins il n'y avait pas de couvert sale qui traînent ou des jouets pour animaux partout. Pour une fois, la maison ne ressemblaient pas totalement à une garçonnière c'était bien. Généralement c'était le cas : une semaine sur deux et la moitié des vacances. En gros, quand tu n'avais pas votre fille. De toute façon tu ne passais pas beaucoup de temps ici. Tu étais plus souvent au refuge que chez toi surement parce que sans ta femme et ta fille, tu ne te sentais pas chez toi. « Met toi à l'aise surtout, fait comme chez ... » Tu ne finis pas ta phrase te rendant compte de ce que tu allais dire. Tout en enlevant tes chaussures dans l'entrée pour les mettre dans le placard à chaussure, tu te repris : « Tu es chez toi ! » Tu entendis un petit aboiement qui vient du haut. Ta fille devait avoir monté Hélios à l'étage ou se trouvait les chambres. Tout comme Camille, elle avait l'habitude des animaux. Tu levas les yeux vers l'étage avec un petit sourire. « Em est en haut si tu veux lui dire que tu restes ici pour la nuit ... ou on peut y aller ensemble, comme tu veux » Tu avais un peu peur de la réaction de ta fille. Tu voulais pas qu'elle s'imagine des choses. Tu voulais pas qu'elle t'en veuilles encore plus. Tu te dégonflais toujours dernièrement quand il fallait parler à ta chair. En même temps, elle était dans une période difficile et ne mesurait ni sa colère ni ses paroles. Certes c'était toi l'adulte, mais tu restais un humain et les mots, qu'importe l'âge qu'on avait, pouvait quand même blessé. « Peut être qu'on devrait attendre le diner, elle descend pas généralement avec l'heure de manger » D'ailleurs tu te demandais bien ce que tu avais dans ton frigo. T'avais prévu de faire les courses que demain après-midi pendant qu'Em serait chez tes parents. Qu'est-ce que vous allez bien pouvoir manger ce soir. Tu n'allais quand même pas commander des pizzas ! « D'ailleurs, tu as mangé toi ? »

La communication revient petit à petit après avoir été rompu pendant si longtemps, ce n'est peut-être pas grand chose pour certains mais parler calmement, sans avoir à hausser le ton avec ton mari te fait du bien. L'heure n'est pas encore à la discussion sérieuse, sur votre situation mais disons que c'est comme un premier pas l'un vers l'autre, un petit signal de ton côté comme du sien pour dire que vous n'êtes pas complètement braqués, que vous êtes ouverts à la discussion. Revenir ici, te balader dans cette seconde demeure dans laquelle tu avais l'habitude d'aller pendant les vacances, te remémorera tout pleins de souvenirs ça c'est sûr. Construire une maison de vacances dans la même ville dans laquelle vous résidez, c'est assez stupide quand on y pense mais cette maison n'est pas qu'une simple maison de vacances, c'est un endroit où  vous pouvez évacuer tout le stress du quotidien, vous ne pensez qu'à vous et profitez du calme de l'endroit pendant quelques jours. Tu as pris l'habitude de te lever très tôt et cela même le week-end, ça te permet d'aller courir un peu ou faire des trucs plus ou moins important que tu n'auras pas forcément l'occasion de faire dans la journée par manque de temps. Courir le matin fait partie intégrante de ta routine et pas très loin de votre seconde demeure se trouve une petite forêt, c'est là-bas que tu faisais principalement ton footing matinal lorsque vous veniez ici avec Aslan et ta fille qui parfois ne te laissait pas faire ce que tu avais à faire, madame se réveillait comme par hasard en même temps que toi. Ses pleurs faisaient souvent grogner son père qui lui est plutôt du genre grasse matinée. Un réveil à cinq, voire six heures du matin, c'était pas son truc et ça ne l'a jamais été. Le compliment qu'il te fait te va droit au cœur même si tu ne le montres pas vraiment. Vous marchez côte à côte, tu prends une légère avance mais une fois devant la porte d'entrée, c'est Aslan qui passe devant pour t'ouvrir la porte. Gentleman un jour, gentleman toujours et tu restes sa femme donc c'est bien normal, ça te fait plaisir. En entrant, tu retires immédiatement tes chaussures pour venir les mettre dans le placard. Les yeux qui se baladent un peu partout, rien à changer mais ça se voit que tu n'as plus remis les pieds ici depuis un moment. C''est pas le bordel, on ne peut pas vraiment dire que ça l'est néanmoins il y a toute de même quelques affaires qui traînent par-ci par-là et ça tu le remarques très rapidement. Le commentaire d'Aslan te fait pouffer de rire. Tu n'es pas venu ici pour faire le ménage, à la base tu ne devais même pas rester mais tu ne peux t'empêcher de faire un petit tas avec les affaires laissés au sol. On peut y aller ensemble, ça lui fera plaisir je pense. Tu espères ne pas lui donner de faux espoirs en faisant ça, elle est assez grande pour comprendre que ce n'est pas en claquements de doigts que tout va rentrer dans l'ordre, que tout redeviendra comme avant. Crois-moi, ce soir elle va descendre bien avant l'heure de manger. Elle abuse franchement. Si tu l'as fait venir ici, ce n'est pas pour qu'elle s'enferme toute la semaine, qu'elle tire la tronche sans dire un mot jusqu'à ce qu'elle rentre à la maison. Non, j'ai rien avalé depuis ce matin, j'ai que des fraises dans le ventre. Autant dire que tu as une faim de loup, ton petit ventre qui gargouille ne prouve pas le contraire. 

Voir ta femme faire le ménage chez toi, chez vous, te fit sourire intérieurement. De l'extérieur on pourrait croire à un retour à la normale. Elle serait rentré du boulot, en passant elle aurait pris votre fille à la sortie du lycée et serait rentré. Toi, en bon mari tu serais partis l'accueillir et vous serez rentré en vous racontant votre journée. Ta femme maniaque, serait automatiquement en train de ranger la maison. La petite vue de famille presque parfaite, comme un peu ce que vous vivez avant sans les problèmes de la vie. Évidement qu'il y a des problèmes, dans chaque foyer même. Seulement ceux du tiens avaient éclaté il y a deux ans. Avec un sourire en quoi, tu pris la pile que Camille avait fait avant de la déplacer sur un fauteuil qui contenait une petite pile de magasin canin et autre. « Je préfère pas. Si elle reste dans sa chambre, c'est qu'elle doit avoir des trucs à faire. Laissons la tranquille...» Tu ne voulais pas tellement que Camille serait s'en mêle. Chaque fois que cela arrivé, ça durait deux jour avant que ta fille se remettent en colère. Merci mais non merci. Autant qu'elle soit en colère tout le temps, ça faisait moins mal et tu pouvais totalement le comprendre. Vous n'avez certes pas de très bonne relation dernièrement, mais tu restais ce papa poule : toujours en train de la protéger, de lui trouver des excuses. « Occupons nous plutôt du dîner. Je comptais faire des courses demain donc ... » dis-tu en te dirigeant vers la cuisine. Tu ouvres rapidement les placard, le frigo et ton petit congélateur. Tu fis dans ta tête l'inventaire, et tu decidas d'un plat dans ta tête. « Ce soir, des pâtes bolognaise ça te va ? » C'est vrai qu'il ne manquait jamais de pâtes chez toi. C'était un truc que tu achetais tout le temps, même quand tu n'en manquait pas. T'avais vu un pot de sauce tomate au frais et tu te rappels l'avoir ouvert y'a deux jours pour ton repas du midi. Et des boulettes de viande dans le congélateur. Tu avais des oignons et des épices. T'hesitais encore à mettre de la crème fraîche avec ra sauce tomate histoire de ... histoire de. « Avec ou sans crème fraîche pour la sauce ? » Tu regarda Camille qui s'était installé quelque part dans la cuisine. Tout en lui parlant, tu sorties deux verre à vin, et sortie une bouteille de blanc du frigo. Ouais tu l'avais repéré aussi et c'était Aly qui l'avait laissé là la dernière fois qu'elle était venue, cest-a dire hier. « Je te sers un verre ? » C'était quelque chose que vous faisiez souvent à une époque. Prendre un verre en finissant le travail en cuisinant. Mais vous aviez finks par arrêter. Tu sais plus trop pourquoi. Peut être parce que l'un de vous rentré toujours tard ? Ou alors que la communication devenait dur, tout comme resté aussi longtemps dans la même pièce.

Tu penses que c'est une bonne idée d'aller voir ta fille, de lui faire savoir que tu es là avec son père mais lui, ne semble pas vraiment du même avis. Qu'est-ce que vous risquez ? Pas grand-chose puisque elle sera très contente de vous voir ensemble, ça tu en es certaine, il faudra simplement mettre les choses au clair rapidement pour qu'elle ne se fasse pas de fausses idées. Vous déciderez tous les deux de finalement la laisser tranquille en revanche il va quand même falloir que tu montes pour prendre une douche, l'odeur de ta propre transpiration qui te monte au nez, ça te dégoûte. Elle est en week-end, la connaissant elle ne va pas entamé ses devoirs tout de suite mais t'as peut-être raison et puis ça lui fera la surprise. Si elle ne sort pas de sa chambre et ne te grille pas lorsque tu seras à l'étage, cela restera tout de même une surprise puisque Em' ne s'attend vraiment pas à te voir ici. .. donc on commande ? comme pour finir la phrase de ton mari, tu t'attendais à ce qu'il te dise ça avant qu'il te fasse une autre proposition. C'est une vraie question ? Non parce qu'il sait à quel point tu aimes les pâtes, c'est rapide, très facile à faire et c'est extrêmement bon. Des pâtes, ça se fait avec tout, un vrai point fort. Ça me va, oui. J'en raffole, t'as oublié ? Le sourire aux lèvres, dos au plan de travail, la paume de tes mains posés sur ce dernier. Tu reprends très vite ton sérieux notamment au moment oû ton mari commence à te parler de crème fraiche dans les pâtes en plus de la bolognaise. À ce moment-là tu tires ta plus belle grimace. Oh non.. recommence pas. Sans évidemment. Non mais.. Les mirettes levées vers le ciel ou plutôt le plafond, tu te redresses en soufflant et en secouant légèrement ta tête pour faire quelques pas en direction des escaliers. Il est temps pour toi d'aller te faire couler un bon bain chaud, tu comptais le faire chez toi et ici tu es chez toi alors c'est tout comme. Tu montes tout doucement, la voix de ton mari qui résonne une nouvelle fois dans tes oreilles. J'veux bien s'il te plaît. ! Est-ce qu'il te l'apportera ou attendra que tu redescendes pour te le servir ? Le rêve !C'est ton questionnement en tout cas là, tu ne dirais clairement pas non pour la première option. Une fois à l'étage, tu te rends immédiatement dans la salle de bain, c'est d'ailleurs une fois à l'intérieur que tu te rends comptes qu'ici, tu n'as aucune tenue légère ou autrement dit rien qui peut te servir de pyjama. Un haussement d'épaules avant de venir remplir la baignoire d'eau chaude dans un premier temps, l'eau froide prendra ensuite le relais. En attendant, tu viens pousser la porte que tu ne verrouilles pas puis tu te déshabilles complètement en mettant tes affaires dans le bac à linge sale. Une fois la baignoire suffisamment remplie, que le bain soit assez moussant, tu t'y installes. Les yeux fermés, tu profites de l'instant, tu ne penses plus à rien, le vide dans ton esprit.